Demande d'entrevue

À ce que l'on avait dit à George, le Ténafaré était le magistrat qui se cherchait de toute la gestion interne de Dawa. George se dit donc qu'il serait une excellente source d'informations pour commencer son enquete journalistique. Le matin suivant son arrivé, il se rendit donc à Vanapaui. Dans l'après-midi, il pénétra le bureau du Ténafaré. Il s'adressa à la secrétaire.

Bien le Bonjour, je m'appele George Hollenzern et je suis un journaliste lutéalien. Je compose actuellement un article sur votre pays pour mon journal. Dans ce cadre, j'aimerais obtenir une audience auprès du Ténafaré pour lui poser quelques questions.

La secrétaire en chemise bariolée se fit attendre quelques instants le temps de trafiquer le roulement à bille de son ventilateur rotatif dernier cri qu'elle venait de s'offrir pour la modique sommes de quelques sacs d'une monnaie au nom imprononçable et se hâta de donner suite à la demande du nouvel arrivant, élégant et à l'accent plus nordique...

"Bonjour Monsieur. Ravi de vous accueillir à Vaitupu, capitale économique de l'archipel. Vous avez de la chance, le Ténafaré provisoire est justement dans son bureau. Je vais voir ce que je peux faire pour vous."

La secrétaire pris son téléphone waterproof (comme tous les appareils de l'administration dawaïenne, on est jamais trop prudent face aux tsunamis impromptus) et elle commença :

"Oui Monsieur le Ténafaré ? Oui, j'ai ici un journaliste qui aimerait vous rencontre... ... Oui... humm... très bien !
Et voilà c'est fait, il vous attend dans son bureau"

Elle lui indiqua le couloir à suivre, dont les murs étaient tapissés de tableaux de régates ancestrales et de vaillantes frégates bravant les tempêtes de l'océan indomptable qui bordait les côtes écorchés de l'archipel.

Déjà, James l'attendait à l'entrée de son bureau, provisoirement investi...

"Bonjour, entrez. Installez vous." James lui présenta un siège en osier serti de fleurs violacées et amarantes.

"J'adore les chemises à fleur et toute cette décoration, c'est très chaleureux. Bref, je ne vais pas vous embêter avec mes petits manies, dites-moi tout, je vous écoute..."

George sourit devant cet homme fort sympathique et se bureau décoré avec gout. Cela faisait changement de l'austérité lutéalienne.

Enchanté de vous rencontrer, Monsieur le Ténafaré. Je m'appelle Geoge Hollenzern et je suis journaliste au Populiste, un périodique lutéalien. Je viens ici pour écrire un article sur Dawa et, dans ce cadre, j'aimerais vous poser quelques questions.

D'abord, serait-il possible pour vous de me dresser un portrait économique et ethnique général de votre archipel.

James prit un thé glacé, fit virevolter en un tourbillon de bulles ses glaçons et répondit à son hôte :

"Ouh la... Hum... Dresser un portrait de la situation économique... Vaste et ambitieuse question pour aborder notre entretien. A vrai dire, l'Archipel de Dawa est habitée depuis longtemps mais sa rationalisation économique n'est que toute récente et nous nous employons avec vigueur. Il faut vous peut-être vous préciser, que Dawa a longtemps été un repaire de pirate, puis, dans l'ordre des choses est devenue la plaque tournante du commerce maritime de la région. Aujourd'hui, Dawa travaille son image culturelle notamment avec le dynamisme d'Aoba... Si vous ne connaissez pas, il faut aller y faire un tour, c'est incroyable ce qu'on peut y faire d'intéressantes découvertes... Sinon, Dawa compte aussi renforcer son image commerciale et attirer des investisseurs étrangers attirés par la Sun belt micromondiale, mais aussi des touristes pour ses plages et ses boissons si typiques... En réalité, il reste tout à faire à Dawa d'un point de vue économique, et cette tâche devrait occuper une grande partie du temps du prochain Ténafaré."

James croqua dans une cawouette et descendit encore un verre de thé glacé puis poursuivit :

"Ensuite en ce qui concerne la population dawaïenne, il faut bien comprendre que celle-ci est multi-ethnique et que les villes sont des exemples de cosmopolitisme à la sauce micromondiale. Une civilisation ancestrale a longtemps occupé les terres que nous foulons aujourd'hui. Elle reste encore en grande partie mystérieuse et nous pensons que la jungle de Tawoua n'a pas encore révélé tous ses secrets à ce sujet. Mais l'imprégnation et les mœurs restent très imprégnés de cette culture que nous redécouvrons tous les jours. Une sorte de retour aux sources... Les natifs sont donc particulièrement actifs et intégrés mais aujourd'hui et comme depuis des siècles, Dawa est avant tout une terre d'accueil, qui a subit des vagues d'immigration successives dont la dernière en date fut celle issue des terres abaleconniennes suite au déluge qui s'est abattu sur cette nation..."

James reprit son souffle et remarqua un gloussement curieux derrière sa tenture bananawaïenne... Il s'approcha pour en avoir le cœur net...

Ce n'était en fait pas un gloussement cette fois, mais la secrétaire qui avait voulu goûté elle aussi une cawouette, s"apercevant mais un peu tard qu'elle était pimentée. Rebecca tentait de l'aider à faire passer ce syndrôme de "gorge en feu" qui soulevait sa poitrine plus qu'accueillante au demeurant.
"Ne vous inquiétez pas, j'ai au cours de mes voyages aux longs courts acquis une expérience des effets indésirables de certaines substances qui devraient me permettre de vous la rendre comme neuve d'ici peu cher James."
Elles partirent vers une autre aile de l'ambassade. Le visiteur les regarda avec un oeil amusé et connaisseur en même temps, ce que ne sembla pas voir le ténéfaré.

En effet, lorsque le ténafaré revient, George était redevenu de marbre. Il hocha la tête et poursuivit

Très bien, cette population dont vous me parlez, à combien l'estimez-vous ?

James pu reprendre le cours de la conversation avec son invité lutéalien :

"Les derniers recensements nous font part de 3 124 000 habitants sur les trois îles. Bien évidemment, ces chiffres restent à vérifier... Les abaleconniens qui viennent d'arriver sont en réalité peu nombreux mais se voient confier de grandes tâches et sont particulièrement bien accueillis par les populations déjà présentes. Tout ça laisse entre apercevoir un renforcement de cette mosaïque de peuples"

Je vois... mais... tous ce métissage de culture, cette cosmopolie (pardonnez le néologisme) dont vous parlez tant ne doit pas se faire sans heurts. Y a t'il des problèmes d'intégartion, d'assimilation ou d,identitée culturelle à Dawa.

James lui répondit :

"Aucunement. Cette mosaïque de peuple est la base même de la société dawaïenne. Le métissage culturel existe depuis des générations et est possible grâce à la culture pacifique et tolérante des natifs de l'archipel qui prône l'ouverture vers le micromonde. Les abaleconniens sont arrivés suite à une catastrophe, mais d'autres citoyens affluent chaque jours provenant d'autres nations, et des citoyens natifs se révèlent aussi pour entrer dans la vie active. Les dawaïens voient en la diversité une richesse, pas un danger..."

En arrivant dans son nouveau bureau Kaonate rassemble les notes laissées par James à propos des affaires en cours et lit les résumés d'entretiens avec monsieur Marxezerberg. Il appelle de suite sa secrétaire:

"Oui, je voulais vous demander de prévenir notre correspondant Lutéalien que si il nécessite une nouvelle entrevue pour que nous continuions à discuter de Dawa, la passation de pouvoir qui vient d'avoir lieu ne saurait retarder notre rencontre. En somme, dites lui que je suis à sa disposition.
Je vous remercie Julia."

James avant de partir avait laisser une boîte de chocodawa, les chocolats en forme de bigorneau dont raffolent les dawaïens. Elle trônait sur son ancien bureau, seul vestige de son passage. Un mot l'accompagnait, post-it rose en forme de coeur :

"Avec tous mes voeux de réussite dans vos nouvelles fonctions Monsieur le Ténafaré.
Signé, James."

Kaonate Excess, tellement obnubilé par la liasse de dossier à laquelle il faisait face n'avait pas découvert la boite de chocolat. En laissant glisser un oeil vers la gauche du bureau il eu la bonne surprise de découvrir les rochers dawars! Il regarda rapidement autour de lui comme un enfant qu'on risquerait de prendre en flagrant délit de gourmandise et ouvrit la boite prêt à déguster les chocolats pendant une pause selon lui, bien méritée.

Qui pouvait lui avoir envoyé les chocolats? Sa secretaire? Il faut avouer que ca ne lui aurait pas déplu de lui rendre en retour un diner aux chandelles. C'est alors qu'il découvrit le mot et découvrit la provenance du présent. Pas décu pour un sous, Kaonate envisageait déjà d'autres moyen d'inviter sa secretaire à diner tout en remerciant interieurement James des délicieux chocolats qu'il lui avait laissé.